Pêle-mêle de personnalités qui ont marqué l’Histoire dans le domaine de l’automobile, la carte postale ou le dessin.

Les pionniers de l'industrie automobile française

Armand Peugeot, André Citroën et Louis Renault sont les fondateurs des plus importantes entreprises de construction automobile française.

Armand Peugeot, ingénieur et industriel français (1849-1915).
Il est issu d’une véritable dynastie de bâtisseurs qui fonda la Société des Automobiles Peugeot en 1896. Il faisait partie d’une succession de personnes d’une même famille d’entrepreneurs qui aura lancé le nom de Peugeot dans l’ère moderne de l’automobile, mais aussi de la bicyclette. L’entreprise familiale entre dans l’ère industrielle dès le début du XIXe siècle. Mais l’histoire commence vraiment en 1891 avec la construction — sous le nom de Peugeot Frères — d’une des premières automobiles équipées d’un moteur à essence à deux cylindres en V.  Aujourd’hui encore, Peugeot reste l’un des principaux pionniers de l’industrie automobile mondiale.

André Citroën, ingénieur et industriel français (1878-1935).
Ancien élève de l’École Polytechnique, il fonde en 1919 l’entreprise Automobiles Citroën pour construire une voiture populaire, la première qui fut fabriquée en série en Europe : la Citroën modèle 10 HP type A. Cette torpédo (10 CV) était née et livrée au mois de juin 1919 avec pour emblème de la marque son double chevron en V. Il construit alors de nouvelles usines en banlieue parisienne, fonde des filiales à l’étranger et créait un vaste réseau de transports rapides urbain et interurbain par autocars. C’est le début de l’aventure de la célèbre marque. Brillant ingénieur, pionnier de l’automobile, il inventera le marketing et deviendra un industriel international. Multipliant les innovations, il reste indéniablement l’une des plus grandes figures de l’industrie automobile.

Louis Renault, industriel français (1877-1944).
Bien que créée en 1898, c’est le 25 février 1899 que Louis Renault et ses deux frères (Marcel et Fernand) fondent officiellement la Société Renault Frères à Boulogne-Billancourt tout près de Paris. En 1905, la société Renault devient le premier constructeur français avec une vaste usine et une production en série. En 1908, Louis Renault devient seul, le patron et l’actionnaire de la société qu’il rebaptise sous le nom de Société des Automobiles Louis Renault. C’est en 1925 que le célèbre logo en forme de losange est créé et qui symbolisera définitivement l’histoire de la marque Renault. Le 16 janvier 1945, l’état nationalise l’entreprise qui devient la Régie Nationale des Usines Renault. Louis Renault restera dans les mémoires comme le fondateur de l’empire industriel Renault et un des plus grands pionniers de l’industrie automobile française.

Dès le début de l’histoire de l’automobile, des noms — qui deviendront des marques — s’imposent : Peugeot, Citroën, Renault, chacun avec son caractère particulier. Ils ont été — et ils le resteront — les pionniers de l’industrie automobile française. Des noms qui se sont répandus, qui se sont incrustés dans les mémoires et qui deviendront au fil des années des symboles de l’automobile et, sur eux, s’appuiera le rêve. Des noms de marques qui se sont rapidement substitués, vocabulairement parlant, à l’appellation « automobile » : c’est le nom de la marque qui prédomine et l’on ne dit plus « une voiture Peugeot » ou « une automobile Renault », mais une Peugeot, une Citroën ou une Renault.

Un entrepreneur visionnaire et autodidacte de génie

Enrico Teodoro Pigozzi (dit Henri Théodore Pigozzi), industriel italien de l’automobile né à Turin, le 26 juin 1898. Attiré très tôt par la mécanique et la motorisation, il se lance dans la vente de motocyclettes à Turin puis entre en contact avec le constructeur Fiat. Se faisant très vite remarquer par son dynamisme, son sens du commerce et de son esprit entrepreneurial, Fiat lui propose de s’occuper d’un atelier de pièces détachées en France pour l’assemblage de voitures qui seront vendues ensuite sous la marque Fiat-France. Le succès est au rendez-vous et en 1926 il devient Directeur Général de la SAFAF (Société anonyme française des automobiles Fiat). Il a alors 28 ans. En 1932, il décide avec Fiat de réorganiser la SAFAF pour la transformer en constructeur automobile.

 

En 1934, Fiat fonde la firme automobile Simca (Société Industrielle de Mécanique et Carrosserie Automobile). Enrico Teodoro Pigozzi en devient le cofondateur. La production débute le 1er juillet 1935 et Pigozzi est promu Directeur Général de Simca. De 1935 à 1938, les automobiles étaient proposées à la vente sous la marque Simca-Fiat, puis sous la marque Simca seule. Pigozzi souhaitait construire une petite voiture populaire qui serait accessible par les classes moyennes françaises. Il joue alors à fond la carte grand public avec la Simca 5 qui sort au mois de mars 1936, la première à porter le nom de la marque Simca. La Simca Aronde fait son entrée en 1951, annonçant royalement la série prestigieuse de la firme de l’usine de Poissy qui, à partir de 1954 (après la fusion de Simca avec Ford France), sortira la Vedette, la Versailles, la Trianon, la Chambord et la Régence, pour en revenir, plus modestement, à la Simca 1000 en 1961.


En 1954, Pigozzi est nommé PDG de la firme jusqu’en 1963, date de son départ. Grâce à ses compétences et à son charisme, Simca se classa parmi les plus importants constructeurs automobiles de l’Hexagone en devenant le 2e constructeur français de 1955 à 1959 juste derrière Renault. Le 18 novembre 1964, Henri Théodore Pigozzi meurt d’une crise cardiaque. Son souvenir demeurera à jamais gravé dans la mémoire collective de l’industrie automobile et restera le grand patron de Simca.

L’usine SIMCA à Nanterre en 1934

Nicolas Jacques Conté, peintre, chimiste et physicien français (1755-1805)

Qui a inventé le crayon ? Il paraît bien naturel de dessiner aujourd’hui avec un crayon. Mais avant la Révolution française, on ne connaissait pas cet objet tel qu’il se présente de nos jours. Les dessinateurs d’antan employaient de la mine de plomb débitée en baguette qui était recouverte de différents matériaux, puis — après la découverte des mines de graphite en 1564 — des morceaux de carbone cristallisé et taillé en bâtonnets furent enveloppés d’un étui de cuir ou de bois. Mais ce petit bâton se présentait dans l’ensemble comme un produit fragile et de qualité assez médiocre.

Le graphite naturel est une forme de charbon cristallisé, un minéral de carbone de couleur anthracite et c’est Nicolas Jacques Conté qui eut l’idée en 1794 (brevet déposé le 3 janvier 1795) de substituer au graphite même des débris de cette matière broyés et mélangés avec de l’argile pure. Il fit cuire le tout à haute température. Il découvre ainsi une plombagine artificielle qu’il fabrique en une fine tige appelée « mine ». Tout était ensuite une question de dosage pour définir la dureté des mines de crayons : les mines tendres (ou grasses) contiennent davantage de graphite alors que les mines dures (ou sèches) contiennent plus d’argile. Pour gainer cette mine, il utilise du bois de différentes qualités, mais surtout le cèdre qui était meilleur : deux morceaux de bois qui seront rainurés, collés et découpés. Il fonde en 1795 une usine à Paris, une entreprise qui deviendra célèbre sous le nom de « Crayons Conté ». En 1798, il accompagne Napoléon Bonaparte en Égypte pour la partie scientifique. Cofondateur du Conservatoire des Arts et métiers, il obtient la médaille d’or des Arts et métiers en 1800. Nicolas Conté meurt d’une maladie de cœur en 1805 à l’âge de 50 ans.

Canson, le papier des artistes

Canson, Barthélemy de, industriel papetier (1774-1859). L’industrie de la papeterie lui doit la création d’un papier à dessin résistant et lisse, le papier Canson, encore en usage de nos jours. C’est donc un certain Barthélemy Barou de la Lombardière de Canson, gendre d’Étienne de Montgolfier, qui est à l’origine du célèbre papier. En 1799, il développe ses manufactures et met au point de nombreux procédés techniques de fabrication de la pâte à papier, composée d’un mélange de fibres diverses (coton, chanvre, lin) et d’eau. Il met au point un papier à dessin vergé, blanc naturel et à forte teneur en coton, qu’il élabore spécialement pour le dessinateur et peintre Jean-Auguste-Dominique Ingres. En 1807, il crée le papier calque. Les plus grands artistes des beaux-arts ont fait appel au papier Canson pour leurs créations, un nom devenu mythique pour les artistes et amateurs de beaux papiers.

Albert Bergeret, photographe industriel, éditeur et imprimeur de cartes postales (1859-1932)

Il fut l’un des pères les plus célèbres de la carte postale française et un des précurseurs de la phototypie (procédé artisanal d’impression sans trame de l’image photographique) qui sera à l’origine de l’édition cartophile de Bergeret.

 

En 1898, il fonde l’imprimerie artistique de l’Est des Établissements Bergeret et Cie à Nancy et se lance dans la production de cartes postales illustrées dites de fantaisies. De 25 millions de cartes en 1900, il passe à 75 millions en 1904 pour atteindre plus de 100 millions en 1909. Toujours à Nancy, il fonde en 1905 les Imprimeries Réunies. Malade, le pionnier de la carte postale illustrée cesse ses activités et décède sept ans plus tard, le 20 juin 1932.

Gottlieb Daimler, ingénieur allemand (1834-1900). Cet ingénieur de génie est à l’origine de ce que va réellement devenir l’automobile. Un terme pourtant encore bizarre à l’époque, lorsque celui-ci invente le premier moteur à explosion fonctionnant à l’essence hydrocarbure. Cette invention le conduisit à la construction en 1887 d’un prototype d’automobile fonctionnant avec un moteur à essence 2 cylindres en V. Et c’est en 1889, à l’exposition universelle de Paris, que Daimler présente la toute première automobile, entièrement en acier et équipée du moteur révolutionnaire. Ce moteur sera repris par la société Panhard-Levassor qui entreprit sa fabrication en France. Et dès 1891, Peugeot construit une des premières automobiles à essence de sa fabrication, suivi (la même année) de Panhard qui crée avec ce moteur de nombreux modèles.

René Panhard, né Louis François René Panhard, ingénieur et constructeur d’automobiles français (1841-1908).

Il entre à l’École Centrale de Paris, où il fit de brillantes études. En 1886, il s’associe avec son ami centralien et ingénieur Émile Lavassor (1843-1897) pour fonder la Société Panhard & Levassor et commence la production des moteurs à explosion Daimler, puis entreprend en 1891 la construction de la première voiture à essence. De nombreux modèles suivront. La machine est lancée et l’industrie automobile Panhard était née. La firme est absorbée en 1965 par Citroën qui, deux ans plus tard, arrête la production des automobiles civiles, mais conserve celle des véhicules militaires et autres engins blindés. Toujours en activité de nos jours, l’entreprise a pris le nom de « Panhard General Defense ». René Panhard restera dans l’histoire comme l’un des pionniers de l’industrie automobile.

André (1853-1931) et Édouard (1859-1940) Michelin, industriels français.

Les frères Michelin sont les fondateurs de la Société Michelin et Cie en 1889. En 1891, ils se lancent dans la fabrication de pneumatiques démontables en caoutchouc pour les bicyclettes, puis en 1894 pour l’automobile. Avant cela, les pneus n’étaient encore que des pneus pleins, c’est-à-dire sans chambre à air. Il devenait urgent d’intercaler une chambre élastique à air entre la jante et la roue. En 1895, la première automobile équipée de pneumatiques lisses à chambre à air est construite par les frères Michelin. Baptisée « L’Éclair », cette voiture fut fabriquée à partir d’un châssis Peugeot et d’un moteur Daimler 4 CV. En 1900, André Michelin crée le Guide rouge Michelin, puis à partir de 1910 la série des cartes routières collées sur toile. Viendront ensuite les plaques émaillées de signalisations entre 1911 et 1914 et l’implantation des premières bornes kilométriques après la Première Guerre mondiale. Le Bibendum représente un empilement de pneus incarnant une forme humaine. Créé par Édouard Michelin et par le dessinateur O’Galop, le célèbre Bibendum (ou Bonhomme Michelin) devient en 1898 la mascotte et l’emblème de la marque Michelin, la grande manufacture française des pneumatiques. 

Marius Berliet, industriel français (1866-1949).

En 1895, Marius Berliet construit sa première voiture dans un petit atelier de Lyon. Décidé à se consacrer à la construction automobile, il crée une première usine de 90 m2 en 1899 et, en 1902, il rachète la société Audibert & Lavirotte, l’usine de Monplaisir à Lyon de 10 000 m2, dont 5 000 m2 couverts. Usine qui s’étendra sur 7 ha quelques années plus tard. Entreprendre, bâtir et investir sont les maitres mots de Marius Berliet qui pressent dans le véhicule poids lourd un avenir considérable dans le domaine du transport routier de marchandises. En 1904, il construit son premier camion conçu avec un châssis d’automobile renforcé. Le premier vrai camion (Berliet de type L) doté d’un châssis poids lourd sortira à la fin de l’année 1906. En 1907, Berliet construit des autocars de tourisme alpins garnis d’équipements renforcés. Durant la Première Guerre mondiale, il fournit des camions de type CBA qui participèrent à la bataille de Verdun.

 

Autodidacte, Marius Berliet fut l’un des premiers capitaines de l’industrie française. Son nom a été apposé sur des millions de calandres de camions. Son fils, Paul Berliet (1918-2012) hissera la société familiale aux toutes premières places de la production de véhicules industriels avant qu’elle ne soit reprise par Renault au mois de décembre 1974.

Émile Delahaye, ingénieur français, pionnier de l’automobile et fondateur de la marque Delahaye (1843-1905).


Sortant de l’École des Arts et Métiers, Émile Delahaye débute sa carrière comme dessinateur industriel dans une entreprise spécialisée dans le matériel ferroviaire, puis devient ingénieur dans la même société. C’est à Tours, en 1894, que cet ingénieur de talent décide de se lancer dans l’industrie automobile lorsqu’il fabriqua de toutes pièces, du châssis au moteur, sa première automobile. Doté également d’un allumage électrique, ce modèle — la « Delahaye type 1 » — est présenté au Salon de l’Automobile de 1895. En 1898, il fonde avec des associés une nouvelle et grande usine à Paris.

 

Grand constructeur de voitures de prestiges et de sport, il construisit aussi des camions de transports, autocars, bus et se spécialisa dans les véhicules d’incendie. Delahaye était une marque de référence à la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris qui, entre 1907 et 1939, avait fait l’acquisition de 249 véhicules de toutes sortes. D’une santé fragile Émile quitte en 1901 la direction de son entreprise et meurt prématurément, et sans descendance, le 1er juin 1905 à l’âge de 61 ans. La firme Delahaye disparaît en 1954.

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